Année académique 2018-2019
Actualité de l’allégorie
Séminaire interdisciplinaire de recherche doctorale
en arts du spectacle
Coordination : Marc-Emmanuel Mélon
Université de Liège
Contrechamp, centre de recherche en études
cinématographiques, photographiques et audiovisuelles
- Organisation
Le séminaire est accessible aux doctorants et étudiants de master de l’École doctorale en Cinéma et arts de la scène, ainsi qu’aux doctorants et étudiants de master des différentes disciplines de sciences humaines intéressés par l’objet de la recherche. Le séminaire pourra être valorisé pour 10 crédits de formation doctorale à la condition de participer à toutes les séances, de faire un exposé oral et de remettre un travail écrit.
Inscription préalable indispensable par e-mail à ME.Melon@uliege.be
Le vendredi 7 décembre 2018, de 17h30 à 19h, une première séance introduira l’objet de la recherche, fixera les objectifs poursuivis et organisera le travail.
Local : Séminaire cinéma, Dpt Communication, bâtiment central, place du XX-août, 7, 2e étage. Pour les Bruxellois qui viennent en train (vivement conseillé) : arrêts de bus devant la gare. Prendre soit :
– le 1 ou le 48 (Dir : Opéra) et descendre à l’arrêt Pont d’Avroy
– soit le 2 ou le 3 (dir. République française) et descendre à l’arrêt Place Cockerill.
Accès ULiège : entrée principale place du XX-Août, couloir de droite puis immédiatement à gauche où se trouve un ascenseur, 2e étage, couloir de droite, première porte ouverte à droite.
Le séminaire proprement dit se déroulera chaque mercredi, de 16h30 à 19h30, du 6 février au 3 avril, en neuf séances de trois heures chacune (le nombre de séances pourra varier en fonction du nombre de participants).
Chaque séance aura lieu à l’Université de Liège, département Médias, culture et communication, Bâtiment central, 2e étage (local à préciser).
La première partie du séminaire (février) sera consacrée à l’examen de quelques textes théoriques relatifs à la problématique (lecture préalable indispensable) et à l’analyse de divers objets illustrant ces textes.
La seconde partie (mars) sera consacrée à l’analyse approfondie d’objets particuliers, proposés et présentés par chaque participant.
Les participants intéressés pourront poursuivre le travail en s’associant à la préparation d’un colloque organisé à l’automne 2019.
Évaluation : chaque participant sera évalué sur :
- un exposé oral (1h) portant sur un objet choisi en concertation avec le professeur et les autres participants. L’exposé sera poursuivi par une discussion avec l’ensemble du groupe (30’) ;
- un travail écrit reprenant et améliorant l’exposé en fonction du débat ;
- l’assiduité et la participation active à chaque séance.
- Objet
Le monde actuel est envahi par les allégories. Elles sont partout : là où elles ont toujours été (la littérature, l’art, les textes sacrés, le théâtre, la propagande, les monuments, l’ornementation des palais, la monnaie et les billets de banque, etc.) ; là où elles adoptent de nouveaux moyens de communication : la presse, la publicité, la photographie (en particulier journalistique), le cinéma, la performance, l’art vidéo, le web et les réseaux sociaux, la bande dessinée, les jeux vidéo ; mais aussi dans les gestes et petits rituels quotidiens dont on a oublié qu’ils étaient allégoriques (donner la main, offrir une bague, fleurir une tombe, mettre un drapeau à sa fenêtre lors de la coupe du monde de football).
Aujourd’hui comme hier, l’allégorie est l’instrument privilégié – parce qu’efficace – du discours politique sous toutes ses formes (verbales, écrites, visuelles, gestuelles, architecturales, ornementales, etc.). Abel le migrant nomade et Caïn le sédentaire national ont rejoint Jeanne d’Arc – le personnage historique comme son monument parisien au pied duquel on dépose une gerbe – au panthéon des allégories nationales de l’extrême-droite française. Le palais, la statue (la Liberté ou la République), le monument aux références antiques (arc de triomphe, forum, panthéon, capitole) sont devenus les « lieux de mémoire » d’expression de la nation. Elle s’exprime aussi par le geste (lever le poing, faire le salut hitlérien ou piétiner les décisions budgétaires européennes) qui ne prend son sens exact que dans un contexte déterminé. Elle s’insinue enfin là où on ne la soupçonne pas, dans l’action politique elle-même, menée non pour obtenir un résultat mais pour signifier autre chose. Pour plaire au « peuple », les populismes ont transformé l’action politique (quelle qu’elle soit, y compris celle qui échoue) en discours allégorique : interdire à l’Aquarius d’accoster dans un port italien ne règle en rien le problème de la migration en Italie, c’est un acte symbolique qui exprime indirectement une posture politique.
Si, depuis toujours, l’allégorie est la forme d’expression privilégiée du pouvoir (temporel et spirituel, laïc et religieux), elle est tout autant pratiquée par ceux qui s’y opposent : les rebelles, les résistants, les clandestins, les prisonniers, les syndicats, les ONG (Greenpeace, Amnesty International, e.a.). Hors le processus électoral ou la révolution proprement dite, la résistance au pouvoir, qu’elle soit individuelle (Tommie Smith et John Carlos levant leurs poings gantés aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968) ou collective (« marches blanches » ou « gilets jaunes ») n’a d’autre ressource que de s’exprimer allégoriquement. Lorsque la résistance au pouvoir exige la clandestinité, l’allégorie devient un message crypté dont il faut connaitre le code. Le poisson « Ichtus » peint par les premiers chrétiens sur les parois des catacombes, la bougie allumée à la fenêtre le soir du 10 décembre ou le triangle rouge sur le revers de la veste sont des signes allégoriques qui expriment le ralliement à une cause mais qui sont incompréhensibles à qui n’en connait pas la convention. La résistance s’exprime aussi en renversant ou en détruisant les allégories du pouvoir (la Bastille, la cathédrale Saint-Lambert à Liège ou la colonne Vendôme). Les allégories, en effet, sont réversibles : bruler un drapeau, briser une effigie, déboulonner une statue sont des actes allégoriques aussi puissants que les symboles qu’ils détruisent. Depuis le XXe siècle, l’allégorie politique a pris les formes les plus radicales que puisse prendre un discours : l’enlèvement et l’assassinat d’un homme politique (Aldo Moro) ou d’un grand patron (Hanns Martin Schleyer), l’immolation par le feu, l’attentat (le 11 septembre, emblématiquement) auquel les réactions diverses qu’il suscite prennent aussi une forme allégorique (« Je suis Charlie »).
Tout n’est pas pour autant allégorie. Cette forme discursive complexe est le produit d’un processus qui a ses règles et qui ne se résume pas à employer un mot pour un autre ou une image visuelle pour exprimer une idée. Elle ne se confond ni avec la métaphore, ni avec le symbole même si elle partage avec ces figures certains processus d’énonciation. L’allégorie a connu diverses formes d’expression écrites et visuelles qui se sont sans cesse renouvelées depuis l’Antiquité, variant selon les cultures qui l’ont pratiquée, les moyens qu’elle se donne et les objectifs qui lui ont été assignés, mais qui ont en commun, comme l’a remarqué Walter Benjamin, une fondamentale historicité. L’allégorie, à la différence d’autres figures rhétoriques, est foncièrement contingente, inscrite dans un contexte historique hors duquel elle perd son sens. L’allégorie, dit encore Benjamin, est une ruine. « La girouette a rejoint le caméléon » est une phrase aujourd’hui incompréhensible, dont le sens doit être restauré (comme on restaure les ruines) en rappelant qu’il s’agit d’un tweet de Bernard Pivot posté le jour où François Bayrou s’est allié à Emmanuel Macron durant la campagne présidentielle de 2017. Pour certaines allégories, l’histoire peut être courte.
Dans les pratiques contemporaines, l’allégorie prend des directions parfois opposées : d’un côté, elle perpétue les formes les plus convenues, les plus lisibles : les super héros, les films de zombie, l’heroïc fantasy, l’imagerie kitsch de la St Valentin, les multiples variations du motif de la tête de mort sur les vêtements, les tatouages ou les tags sont, parmi tant d’autres, des reprises de la tradition allégorique à peine détournée de ses fonctions initiales mais déplacée sur de nouveaux supports, dans d’autres contextes et pour d’autres objectifs, moins moralisateurs et plus commerciaux ; d’un autre côté, en s’adaptant à de nouveaux moyens, l’allégorie a considérablement renouvelé son écriture. Le cinéma et les arts de la scène, où elle peut être à la fois narrative et visuelle, mais aussi l’art contemporain, sont sans doute des lieux où ce renouvèlement est le plus intense.
Aux premiers temps du cinéma, des allégories classiques, conformes à la tradition, concluaient les films (La grève, de Ferdinand Zecca ou Naissance d’une Nation de Griffith). Avec l’évolution du langage cinématographique, de nouvelles formes allégoriques sont apparues : le montage alterné est devenu le nouveau mode d’expression du traditionnel conflit allégorique. Naissance d’une nation n’est pas seulement allégorique dans ses derniers plans, il l’est tout au long du film. Fritz Lang fera aussi la transition entre l’imagerie allégorique traditionnelle (Les trois lumières, Metropolis) et les nouvelles formes cinématographiques (Fury, e.a.). Certains genres hollywoodiens sont ouverts au traitement allégorique, le Western par excellence et ceux de Ford en premier lieu. Les auteurs modernes vont élargir considérablement le champ des formes allégoriques, avec Godard (le plus allégoriste des cinéastes français depuis la Nouvelle Vague), Resnais, Bergman, Pasolini, Wajda mais aussi Rocha (Le dieu noir et le diable blond), Syberberg (Hitler, un film d’Allemagne), Tarkovski (Stalker), Coppola (Apocalypse Now), Scorsese (Taxi Driver), Paradjanov (Sayat Nova) et les Belges Thierry Zéno (Vase de noces) et Boris Lehman (Leçon de vie, e.a.). La liste est longue.
- Objectifs
La problématique de recherche sur laquelle se concentrera le séminaire sera de savoir quelles sont les nouvelles formes que prend l’allégorie quand elle s’inscrit sur de nouveaux supports, en particulier au cinéma et dans les arts de la scène mais aussi dans tous les objets, quels qu’ils soient, artistiques ou non, proposés par les participants. Ces objets devront être analysés et rapportés aux textes théoriques non pour les confirmer mais pour en débattre et, le cas échéant, les réviser.
Inscrit au programme de la formation doctorale, le séminaire poursuivra en outre un objectif méthodologique en rapport avec la problématique : en quels termes poser une question de recherche ; comment la traiter théoriquement ; comment construire un corpus de recherche ; comment analyser des objets connus sous un nouvel angle de recherche ; comment développer et réorienter une problématique ancienne par l’intégration de nouveaux objets.
- Planning provisoire
7 décembre 2018, 17h30-19h
Séance 1 : Introduction et planification du travail
6 février 2019, 16h30-19h30
Séance 2 : La tradition allégorique
Lectures préalables :
- Jean BAUDOIN, « Préface sur le sujet de ce livre » dans Iconologie ou nouvelle explication de plusieurs images, emblèmes et autres figures hiéroglyphiques des vertus, des vices, des arts, des sciences, des causes naturelles, des humeurs différentes, des passions humaine, Paris, 1644.
- Denis DIDEROT et Jean d’ALEMBERT, «Allégorie» dans L’Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers.
- Johann Joachim WINCKELMANN, Essai sur l’Allégorie, principalement à l’usage des artistes, Tr. fr. Michel Huber, Paris, an VII (1799).
13 février 2019, 16h30-19h30
Séance 3 : L’Iconologie d’Erwin Panofsky
Lectures préalables :
- Erwin Panofsky, « Introduction » dans Essais d’Iconologie, Paris, Gallimard, 1967, pp. 13-45.
- Georges DIDI-HUBERMAN, « L’histoire de l’art dans les limites de sa simple raison » dans Devant l’image, Paris, Minuit, 1990, pp. 105-169.
20 février 2019, 16h30-19h30
Séance 4 : Symbole et allégorie. Les théories romantiques
Lecture préalable :
Tzevetan TODOROV « Symbole et allégorie », dans Théories du symbole, Paris, Seuil, 1977, pp. 235-260.
Johan Wolfgang von GOETHE, Sur les objets des arts figuratifs, 1797.
27 février 2019, 16h30-19h30
Séance 5 : La théorie de l’allégorie de Walter Benjamin
Lectures préalables :
Walter Benjamin : « Allégorie et Trauerspiel » dans L’origine du drame baroque allemand (1925), trad. S. Muller, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1985, pp. 171-203.
Walter Benjamin, « Zentralpark. Fragments sur Baudelaire » dans Charles Baudelaire. Un poète lyrique à l’apogée du capitalisme, tr. fr. Jean Lacoste, Petite bibliothèque Payot, 1979, pp. 209-251.
Du 6 mars au 3 avril 2019, 16h30-19h30
Séances 6 à 10 : Objets choisis et présentés par les participants.
- État de l’art
Retracer l’histoire des discours allégoriques semble d’autant plus nécessaire aujourd’hui que l’éclatement de ses formes énonciatives peut conduire à ignorer et encore moins comprendre ses nouvelles formes, mais aussi à voir des allégories là où il n’y en a pas et donc à aborder le tout dans la plus grande confusion. Certains textes récents, même scientifiques, montre que c’est malheureusement encore le cas.
La littérature consacrée à l’allégorie est importante mais elle s’est longtemps enfermée dans une herméneutique elle-même réduite au seul décryptage des codes : il s’agissait, par divers procédés, notamment le recours aux fameux traités d’iconologie qui se sont répandus en Occident depuis le Moyen-Âge, de retrouver le sens caché que désignait conventionnellement le premier degré du discours. A la suite de Winckelmann, auteur d’un « Essai sur l’allégorie » (1796), ce fut l’objectif assumé de grands historiens de l’art, Panofsky en premier qui, en récupérant le terme « iconologie », mit au point une méthode d’identification des contenus artistiques qui sont, dans leur grande majorité, des contenus allégoriques. Tout en s’en défendant, Panofsky a le plus souvent réduit la signification de l’œuvre à son sens allégorique, sans guère se soucier de la forme allégorique elle-même ni, comme ses prédécesseurs, formuler une quelconque théorie de ce moyen d’expression artistique pourtant dominant dans l’histoire de la peinture, surtout au XVIIe siècle. Aujourd’hui encore, nombre d’ouvrages qui prétendent interpréter une œuvre littéraire ou artistique se contentent d’y déceler une signification allégorique sans guère questionner le processus par lequel l’allégorie se reconnait comme telle.
L’allégorie ayant été largement pratiquée tant par les artistes à la solde du roi que par les prédicateurs à des fins d’édification morale, elle a été rejetée violemment par les philosophes des Lumières (Diderot, e.a., dans l’Encyclopédie). Ce désaveu notoire, qui n’a pas empêché l’allégorie de se développer au XIXe siècle, autant sur les monuments officiels que dans la littérature et l’imagerie populaires, a cependant provoqué un double phénomène de rupture avec la tradition allégorique : d’une part l’invention de nouvelles formes allégoriques littéraires (Baudelaire) et artistiques (Courbet et son « allégorie réelle ») qui ne soient plus fondées sur une convention abstraite mais sur sa contingence avec le réel historique et sur une organisation structurelle interne à l’œuvre ; d’autre part l’introduction par les romantiques allemands (Goethe, Schelling, Creuzer, etc.) d’une distinction nouvelle entre symbole et allégorie. Cette distinction théorique qui n’existait pas auparavant avait en réalité pour objectif de séparer l’art poétique de la pratique allégorique ordinaire, de donner au symbole une nouvelle signification et d’élaborer par-dessus une nouvelle esthétique à laquelle, plus tard, d’autres poètes post-romantiques (Moréas, Mallarmé, Huysmans, Maeterlinck, etc.) donneront précisément le nom de symbolisme.
Walter Benjamin est le premier à proposer une vraie théorie de l’allégorie qui ne soit pas réduite à une herméneutique ni à la dévalorisation esthétique entreprise par les romantiques. Dans L’origine du drame baroque allemand, Benjamin fait le procès du symbole (qui n’est pas un concept, dit-il) et déclare l’allégorie dialectique : elle est la « facies hippocratica de l’histoire » dont l’image absolue est la tête de mort. Son historicité fondamentale qui exprime la ruine et la perte du sens trouve une nouvelle vigueur dans l’allégorie baudelairienne, à la fois dégagée des conventions iconologiques et engagée dans un rapport signifiant avec le réel historique. L’allégorie baudelairienne, telle que pensée dans les fragments de Zentralpark, est un artifice de « défiguration des choses » (p. 227), de « dissipation de l’illusion » (p.226), donc de déclin de l’aura. Elle acquiert une nouvelle fonction dans l’économie marchande : ruiner les « créations harmonieuses du monde » (p.228), produire un « choc, comme principe poétique » (p. 228). En même temps, Benjamin ouvre un nouveau champ d’investigation de l’allégorie moderne : « Les emblèmes reviennent comme marchandises. L’allégorie est l’armature de la modernité » (p. 240).
Angus Fletcher a publié en 1964 Allegory. The theory of a symbolic mode (rééd. 2012). Cet ouvrage de référence fut le premier à proposer une théorie globale de l’allégorie littéraire (accessoirement picturale), telle qu’elle fut pratiquée par les poètes, romanciers et dramaturges depuis l’Antiquité. Analysant autant les poèmes que les grands récits réputés allégoriques (La divine comédie, Le roman de Renart, La Reine des Fées, La flute enchantée, etc.), il offre une synthèse érudite des formes classiques de l’allégorie et de ses composantes proches (l’emblème, l’insignia, la bannière, l’hiéroglyphe, etc.). Revisitant l’ancienne rhétorique (Aristote, Quintillien, Cicéron) et la relation de l’allégorie aux autres tropes et figures (métaphore continuée, synecdoque, etc.), il propose quelques concepts utiles, néanmoins discutables, pour comprendre la tradition allégorique : le démon comme agent allégorique réversible, la constellation, la dimension cosmique, le conflit. Fletcher propose aussi une curieuse analogie entre l’allégorie et quelques notions psychanalytiques tirées de l’Interprétation des rêves et de Totem et Tabou de Freud. Mais jamais Fletcher n’évoque la contingence historique de l’allégorie, ce dont témoigne notamment le fait qu’il ignore totalement la théorie de Benjamin, jamais cité y compris dans sa pourtant longue bibliographie. Il n’est dès lors pas surprenant qu’il n’analyse pas d’autres formes allégoriques que celles qu’il trouve dans les textes littéraires anciens.
On notera enfin que la question de l’allégorie a fort peu été posée aux arts du spectacle. Quand certains auteurs, tels Fletcher, abordent le théâtre, c’est exclusivement sur le plan du texte, jamais de la mise en scène. L’allégorie au cinéma, pourtant si fréquente, est toujours examinée sous l’angle herméneutique. Un article de Jean-Louis Leutrat tente une confuse mise au point dans un numéro de la revue Modernités. Tom Gunning aborde l’allégorie dans son livre sur Fritz Lang, mais travaillant film par film selon la tradition américaine, il ne développe malheureusement pas une théorie de l’allégorie au cinéma.
- Bibliographie sélective
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COPELAND, Rita & STRUCK, Peter T., The Cambridge Companion to Allegory, Cambridge University Press, 2010, 2011.
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COUTON, Georges, Ecritures codées : Essais sur l’allégorie au XVIIe siècle. Paris, Azux amateurs de livres, 1991.
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ZUMTHOR, Paul, Le masque et la lumière, Paris, Seuil, 1978.
Dictionnaires iconologiques et traités allégoriques
BAR, Virginie & BREME, Dominique, Dictionnaire iconologique : les allégories et les symboles de Cesare Ripa et Jean Baudoin. Paris, Faton, 2 vol. dont le fac-simile de l’Iconologie de Ripa et Baudoin.
BAUDOIN, I. & DEBIE, Jacques, Iconologie ou nouvelle explication de plusieurs images, emblèmes et autres figures hieroglyphiques des vertus, des vices, des arts, des sciences, des causes naturelles, des humeurs différentes, des passions humaines, Gravures de J.Debie. Commentaires de J. Baudoin, S.L., 1677.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k130641h/f9.image
BAUDOIN, Jean, Iconologie ou la science des emblèmes, devises, etc. Qui apprend à les expliquer, dessiner et inventer. Ouvrage très utile aux orateurs, poëtes, peintres, sculpteurs, graveurs, & généralement à toutes sortes de curieux des beaux-arts et des sciences. Enrichie et augmentée d’un grand nombre de figures avec des moralités, tirées la plupart de Cesare Ripa. A Amsterdam, chez Adrian Braakman, 1698.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1232686
DROULERS, Eugène, Dictionnaires des attributs, allégories, emblèmes et symboles, Turnhout, Brepols, VIII-281pp.
FÉLIBIEN, André, Des principes de l’architecture, de la sculpture, de la peinture, et des autres arts qui en dépendent. Paris, J.B. Coignard, 1697.
https://archive.org/details/desprincipesdela00feli/page/n5
FEUILLE, Daniel de la, Devises et emblèmes anciennes et modernes, (suivi de) Livre nouveau et utile pour toutes sortes d’artistes, Amsterdam, 1691.
GRAVELOT, H. & COCHIN, Iconologie par figures ou Traité des Allégories, Emblèmes, etc. Ouvrage utile aux artistes, aux amateurs, et peuvent servir à l’éducation des jeunes personnes. Paris, 1791.
https://archive.org/details/iconologieparfig02grav/page/n9
RIPA, Cesare Iconologia overo Descrittione dell’Imagini universali cavate dall’Antichità e da altri luoghi (…) per rappresentare le virtù, vitii, affetti, e passioni humane, Rome, 1593.
RIPA, Cesare & BAUDOIN, Jean, Iconologie ou explication nouvelle de plusieurs images, emblèmes et autres figures hyerogliphiques des Vertus, des Vices, des Arts, des Sciences, des Causes naturelles, des Humeurs différentes et des Passions humaines. Ouvre augmentée d’une seconde partie, nécessaire à toutes sortes d’esprits et particulièrement à ceux qui aspirent a estre, ou qui sont en effet Orateurs, Poetes, Sculpteurs, Peintres, Ingénieurs, Autheurs de Medailles, de Devises, de Ballets & de Poëmes dramatiques. Tirée des Recherches & des Figures de Cesare Ripa, moralisées par I. Baudoin. A Paris, chez Mathieu Guillemeot, M.DC.XLIIII.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k130641h
Réed. fr. dans BAR, Virginie & BREME, Dominique, Dictionnaire iconologique : les allégories et les symboles de Cesare Ripa et Jean Baudoin. Paris, Faton, s.d., 2 vol (fac-simile). Cf. supra.
TERVARENT, Guy de, Attributs et symboles dans l’art profane. 1450-1600. Dictionnaire d’un langage perdu, Genève, Droz, 1958-64. 2 vol + suppl.
VAN MARLE, Raymond, Iconographie de l’art profane au Moyen Age et à la Renaissance et la décoration des demeures. 1. La vie quotidienne. 2. Allégories et symboles. La Haye, Martinius Nijhoff, 1932.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9612589n?rk=21459;2
La théorie de l’allégorie de Walter Benjamin et ses commentaires
BENJAMIN, Walter, L’origine du drame baroque allemand (1925), trad. S. Muller, Paris, Flammarion, 1985.
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